Lettre de félicitations à Monsieur MACRON
Cher Monsieur Macron,
Après huit courriers à vous écrire "Monsieur le Ministre" - restés sans réponse aucune d'ailleurs - je m'habitue à réécrire votre nom.
Par la présente, je tenais à vous féliciter. Votre victoire est totale, tous les objectifs de votre loi, en ce qui concerne le notariat, vont être atteints.
Depuis hier 14h00, l'horodatage est ouvert. Environ 29740 demandes en 24 heures. Vous-même n'auriez pas espéré tant.
La débandade est totale. Tout le monde clique. Les aspirants installés, les notaires en place, les SCP, même certains qui ne remplissent pas les conditions pour accéder à la profession ont essayé, juste pour voir ce que ça fait.
Je vous vois, assis sur la banquette arrière de votre voiture avec chauffeur - les autocars étant en liquidation - un petit sourire au coin des lèvres, parcourant nos groupes de discussion.
Ces mêmes groupes vous effrayaient hier, ayant décuplé la force de la profession, les publications prônant l'unité, la solidarité, le combat étant alors chaque jour plus nombreuses.
Aujourd'hui, vous suivez amusé ce que vous avez créé : la dissension, le chaos... un beau coup de canif dans notre confraternité.
Les notaires, abattus par vos insinuations et les insultes de vos technocrates, n'ont plus de patience pour subir les derniers assauts de votre loi mortifère. Les wannabe - ceux qui veulent l'être - lassés de deux ans d'attente pour obtenir ce que vous leur aviez promis, sont chaque jour plus agressifs. Les défenseurs de la profession, atterrés de la naïveté de ceux qui leur reprochaient de brasser du vent, sont las de deux ans à expliquer et réexpliquer. Les salariés commencent à comprendre l'impact de votre loi sur les emplois dès demain. Les jeunes installés ne dorment plus, face au tableau d'amortissement de leur crédit calculé sur un prix validé par l'Etat. Tout le monde est à bout. Le ton monte, l'irrespect avec.
Demain, le notariat va accueillir les nouveaux installés. Mais dans quelles conditions? Vous avez tout mis en œuvre pour que cela se passe le plus mal possible. Je vous ré-entend, le 28 octobre 2015, face à moi dans l’amphithéâtre du CSN, avec vos trois sbires pathétiques pour vous soutenir, marteler : "Nous allons mettre en place une solution plus méritocratique que le concours".
Nous avions voulu voir, nous n'avons pas été déçus : le tirage au sort !
600 candidats pour 17 postes, cela vous paraissait inconcevable. 29740 pour 1650 places maximum, c'est vrai que le rapport est beaucoup plus raisonnable...
Vous nous avez salis, vous avez voulu nous détruire, et maintenant, vous avez introduit la gangrène dans nos rangs. Lisez ces commentaires suspicieux, insinuateurs, agressifs, désagréables, anti-confraternels. Admirez-les, c'est votre œuvre !
Demain, les nouveaux nommés prêteront serment, comme les autres. Ils jureront d'accomplir leur mission avec exactitude et probité. Ils seront notaires, comme les autres. A mes yeux en tout cas.
Monsieur Macron, je ne vous laisserai pas gagner.
J’exècre votre loi, je crains ses effets, je vomis votre vision du notariat.
Mais demain, j'accueillerai chaque notaire comme tel, je le respecterai comme tel. Vous ne m'aurez pas Monsieur Macron, ni vous, ni Messieurs Lacresse, Chanterel et Hubert qui ont juré notre perte. Vous êtes trois, nous sommes 57000. Vous avez le pouvoir, nous rendons le Service.
Monsieur Macron, je vous laisse savourer votre victoire, espérant qu'elle soit la plus courte possible.
Ambroise Véret